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            De nos jours, les actualités se centrent beaucoup sur les relations entre l'Union européenne (UE) et la Turquie, spécialement pour relater la politique étrangère de l'UE au Moyen-Orient. En effet, pour des raisons géopolitiques, la Turquie était et reste toujours considérée comme un partenaire vital pour l'Union européenne[1]. Cependant, les actualités se focalisent peu sur le rôle des états membres en matière de géopolitique. En guise d'exemple, on peut nommer le cas de la Grèce[2].

            À cheval entre les Balkans, l'Afrique du Nord et l'Asie, la Grèce est très bien située géographiquement et reste attirante pour de nombreux investisseurs. Toutefois, elle est confrontée à une grande rivalité avec la Turquie, dirigée par Erdogan, et ses alliées[3]. Même l'Europe occidentale en est préoccupée, notamment suite au fait récent que des navires français patrouillaient avec les navires grecs dans la mer Égée et en Méditerranée orientale[4].

            Ces dernières années, afin de contrebalancer l'influence turque, la Grèce avait multiplié les contacts avec le voisinage, surtout avec les pays qui ont des relations difficiles avec la Turquie.  Hormis Chypre et Israël, l'Égypte, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis avaient établis de nombreuses alliances militaires avec la Grèce, et les exercices militaires devenaient fréquents au fil des années[5]. Plusieurs rencontres officielles et sommets régionaux ont été organisés.  Parmi les plus récents, on peut citer celui organisé à Athènes, le forum PHILIA de février 2021[6], et le sommet de Paphos (Chypre) en avril 2021[7]. Les officiels grecs avaient aussi multiplié les contacts avec leurs homologues bahreinis, jordaniens, palestiniens et irakiens[8]. Même à Damas, l'ambassade grecque fût récemment rouverte[9].

            Dans le contexte actuel que la Turquie se tourne de plus en plus vers l'Orient, principalement la Russie et l'Iran[10], il faut plus que nécessairement nous interroger sur le rôle des états membres de l'UE en matière de géopolitique, surtout pour fournir à l'échelle européenne une marge de manœuvre à la fois face à leurs rivaux et leurs partenaires[11] . Étant donné que même les États-Unis ont approfondi les relations avec la Grèce[12], il est également possible de nous demander si la Grèce n'est pas devenue un nouveau pont entre l'Europe et le Moyen-Orient.

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            Ces dernières années, avec les tensions subsistant entre les institutions européennes, la couverture médiatique relate couramment les différents partenariats entre les pays d'Europe de l'Est comme ceux du Groupe de Visegrád réunissant la Pologne, la Slovaquie, la Tchéquie et la Hongrie[1]. Cependant, il existe un autre partenariat réunissant les pays de l'Est, bien moins médiatisé : celui de l'Initiative des Trois Mers (I3M).

            Constituée en 2015 par le président polonais Andrzej Duda et son homologue croate de l'époque, Kolinda Grabar-Kitarović[2], l'Initiative réunit à l'instar des pays de Visegrád, les trois pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), la Roumanie, la Bulgarie, l'Autriche ainsi que la Slovénie et la Croatie[3].

            Lors du premier sommet organisé à Dubrovnik en 2016, les 12 dirigeants des pays membres ont adopté une Déclaration commune sur «la coopération dans les domaines de l’énergie, des transports, du numérique et de l’économie»[4]. Dans le cadre de cette Initiative, comme le président Duda le soulignait, il est «question de coopération régionale centre-européenne, sur des projets concrets, menés dans le cadre de l’UE et contribuant à une plus grande cohésion, et au développement régional, de l’Union»[5].

            Toutefois, depuis la visite de l'ancien président américain Donald Trump à Varsovie, à l'occasion du deuxième sommet de l'Initiative des Trois Mers (2017), les dirigeants ont accentué leur coopération sur les secteurs de l'énergie et de la défense[6]. En effet, ils misent sur une plus forte intégration de la région en matière énergétique (particulièrement pour le gaz) avec une présence croissante des États-Unis sur le marché mondial du gaz liquéfié (GNL). Ceci, dans le contexte du gazoduc Nord Stream 2, n’est pas fait pour rassurer l’Europe orientale, et pousse à une diversification d'approvisionnement énergétique[7]. En outre, au sommet de Varsovie, l'ancienne présidente croate Grabar-Kitarovića annoncé une préparation d'expertise concernant 157 projets d’infrastructures en matière d’énergie, de transport et de télécommunications, pour une valeur d’environ 50 milliards d’euros. Parmi ces projets figurent le corridor gazier Nord-Sud reliant la Baltique à l’Adriatique, dans lequel le terminal polonais de Świnoujście sera relié au terminal croate sur l’île de Krk (en construction), ainsi que les inter-connecteurs gaziers entre la Pologne, la Slovaquie, la République tchèque, dont une branche relie la Hongrie[8]. Les dirigeants travaillent actuellement sur le gazoduc Baltic Pipe, qui permettrait l’approvisionnement de l’Europe centrale de gaz en provenance de la Norvège (en passant par le Danemark) à partir du terminal GNL de Świnoujście[9].

            D’autres projets d'infrastructures routières et ferroviaires sont également en cours de réalisation comme la Via Carpatia et le Rail Baltica[10]. La Via Carpatia consiste à relier la ville portuaire lituanienne de Klaipėda (mer Baltique) à Thessalonique (mer Égée) en passant par la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie, tandis que le Rail Baltica vise à relier Varsovie à Tallinn, voire Helsinki, via la Lituanie et la Lettonie[11].

            Enfin, au sommet de Ljubljana (Slovénie) en juin 2019, deux banques d’investissement polonaise et roumaine ont annoncé la création d’un Fonds d’investissement de l’Initiative des trois mers, auquel  9 des 12 pays participent actuellement, en parallèle des programmes européens[12]. Le montant de ce fonds est chiffré à un peu plus de 1,2 milliard d’euros (dont 750 millions apportés par la Pologne) et devrait atteindre à terme 5 milliards d’euros avec des contributions de pays membres de l’I3M, d’institutions financières internationales et d’investisseurs institutionnels privés[13].

            En septembre 2019, les présidents des places financières des pays du Groupe de Visegrád (V4 : Pologne, Tchéquie, Slovaquie et Hongrie) ainsi que de trois autres pays de l’Initiative des Trois Mers (Roumanie, Croatie et Slovénie) ont encore fait part de leur intention de créer un index boursier commun, le CEEplus[14].

            L'Initiative des trois mers désigne donc une Union dans l'Union dans la mesure qu'elle œuvre pour une meilleure connexion Nord-Sud, et non plus seulement Ouest-Est comme c'est traditionnellement le cas. En parallèle de l'Union européenne, elle travaille à un développement socio-économique approfondi des pays d'Europe centrale et orientale. Effectivement, d'après les données statistiques, les 12 pays membres représentent 30 % de la surface de l’UE, 25 % de sa population, et presque 20 % de son PIB[15].

            Le président allemand Steinmeier a récemment souligné l'importance de cette Initiative, en soutenant une européanisation accrue de celle-ci ("to become part of European policies and investment instruments") à l'occasion du dernier sommet tenu à Sofia (Bulgarie) en juillet 2021[16]. De surcroît, la Commission européenne demeure un important contributeur en matière d'investissements infrastructurels dans les pays de l'I3M, de l'Adriatique à la Baltique en passant par la Mer Noire[17].

            Hormis l'Allemagne et les États-Unis, de nombreux pays étaient invités aux sommets de l'I3M, comme la Grèce et le Japon[18]. L'Initiative dispose également des projets géopolitiques pour consolider les influences américaine et européenne face à celles de la Russie et de la Chine[19]. Cette importance s'inscrit dans un contexte où les dirigeants européens se mobilisent, suite à la déstabilisation de l'Ukraine (Crimée, Donbass)[20], pour un renforcement militaire du flanc oriental de l'OTAN. Tandis que les dirigeants de l'Initiative travaillent aussi à concurrencer la Route de la soie (Belt Road initiative) développée par la Chine[21].

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            De nos jours, en Occident, la société est confrontée à un phénomène de plus en plus préoccupant, qui est celui de l'islam radical. Les interrogations concernent de plus en plus les solutions pour y faire face[1]. Cependant, beaucoup de personnalités issues des milieux médiatiques, politiques et académiques abordent ces problèmes sans analyser toutefois les causes. Aujourd'hui, nous observons une répétition d'erreur qui s'est déjà produit auparavant[2]. Les actions de l'Occident vis-à-vis de l'islam radical ressemblent beaucoup à celles vis-à-vis de l'Iran au moment de la révolution de 1978-1979, et encore celles envers les pays arabes en 2010-2011[3]. Il est intéressant de rappeler les dirigeants dans les pays mentionnés étaient déjà confrontés au problème de l'islam radical et travaillaient à le contenir[4].

            Cependant, depuis cette époque, les gouvernements occidentaux avaient adopté une approche qui consistait principalement à se focaliser sur les droits de l'Homme et la démocratie, et ce, au détriment de la réalité du terrain au Moyen-Orient (différences socioculturelles)[5].  On avait observé les mêmes décisions vis-à-vis de la Tunisie, l'Égypte et de la Syrie[6]. Dans les deux cas de figure, les résultats ne sont pas fait attendre (crise politique aggravé, répression accrue, guerre civile)[7].

            Ces événements montrent les inconvénients et les défauts de la conception du soft power en Occident, surtout en Europe. De nos jours, l'Union européenne, et dans une certaine mesure les États-Unis, travaillent davantage sur la promotion des valeurs comme les droits de l'Homme et la démocratie, et en sanctionnant les divers pays qui officiellement ne les respectent pas (Iran, Syrie,...)[8].

Afghanistan/ Kunduz August 2012 Photo: Tobias Köhler / mediendenk - Passau

            Au suivi des faits d'actualités depuis les années 1970, la politique occidentale de la promotion des valeurs présentait des résultats mitigés. Elle a certes contribué au développement socio-économique du voisinage européen, mais elle a également créé des phénomènes comme les crises migratoires qui ont partiellement exporté l'islam radical en Occident, comme on a pu l'observer depuis 2015 (attentats, insécurité urbaine croissante, troubles aux frontières extérieures) en Europe[9]. Le tableau des sanctions occidentales présentent aussi un côté sombre, dans la mesure qu'elles n'ont pas contribués à un changement de régime et/ou de gouvernance, et encore moins à une éradication de l'islam radical[10]. Elles ont aussi provoqué à un approfondissement des relations entre les pays qui posent problème à l'Occident[11]. On peut rappeler les cas de la Syrie et l'Iran qui ont multiplié leurs contacts avec la Chine et la Russie[12]. De plus, ces deux derniers pays nommés disposent d'une sphère d'influence importante dans le monde, y compris en Afrique et en Amérique latine[13]. À travers un tel réseau géopolitique, on note que la promotion des valeurs et la sanction en cas de non-respect de celles-ci ne sont pas seulement inefficaces mais aussi facilement contournables[14]. Elles ont parfois provoqué l'effet inverse (guerre civile, crise humanitaire,...), qui a partiellement contribué à l'expansion de l'islam radical en Occident[15]. On ne peut conclure que contre son gré, l'Occident a bel et bien donné plus d'espace à l'islam radical dans son propre territoire.

Military aircraft fill Kabul Aiport, Afghanistan August 2021

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Introduction

            Dans une volonté de développement du marché sur lequel nous souhaitons nous implanter – savoir les nouvelles technologies au plus proche des utilisateurs – dans cette société en mouvement qu’est l’Iran, il est nécessaire de prendre en compte les derniers événements survenus à l’échelle internationale et d’en tirer profit lorsque ces derniers le permettent.    

            Depuis les résultats des élections étasuniennes jusqu’à la monté de l’influence russe et asiatique sur la scène mondiale, notre groupe a besoin de savoir quel position adopter pour conserver l’avance qui semble être la sienne dans l’établissement d’une certaine hégémonie de nos produits sur le sol iranien, mais également dans l’idée de faire de la France un pays d’appui pour le gouvernement iranien, sans pour autant nuire aux traités et contrats passés entre elle et les Nations qui, elles, souhaitent voir l’Iran en marge de l’économie globale. Par conséquent, c’est un travail de recherche minutieux et d’une certaine diplomatie qui intéresse notre étude, qui pourrait se traduire par une interrogation de la sorte :  quelles sont les opportunités à saisir pour développer le commerce extérieur français dans le domaine qui est le nôtre ?

I. L’élection de Monsieur Trump, la figure de Monroe et de Wilson pour un nouveau type d’isolationnisme américain

A. Les volontés du Président face à l’Iran

            Dès la première semaine au pouvoir, le nouveau Président assène le coup final au problème du Moyen-Orient ; les échanges avec l’Iran sont promis aux oubliettes. Une telle violence pourrait être légitime au regard des alliances financières et partis-pris de Trump à l’échelle internationale. D’un côté, les pays pétrolifères de la péninsule arabique restent le premier fournisseur des USA en or noir ; par conséquent, les jeux contemporains et religieux qui animent les relations entre ces pays, dont les pouvoirs sont sunnites, et l’Iran à majorité chiite. Cette dissension est le prétexte idéal pour l’administration présidentielle pour s’écarter des engagements et promesses d’ouverture posés sur la table des négociations par l’administration Obama. Un tel revirement de situation est également une main tendue à Israël qui, quoique ce pays qui n’aime personne parce qu’il se méfie de tout tolère certains échanges avec les pays de la péninsule arabe – pour le pétrole – qui, donc avait en horreur les dispositions de Barack Obama vis-à-vis de l’Iran. La Perse ne représentant rien d’autre qu’un ennemi potentiel et puissant pour un peuple israélien intéressé par une remise en place du Grand Israël antique. Or, si les Perses parvenaient à rejoindre l’ensemble des pays développés en termes de technologies, de marché, de finances et de puissance militaire, les volontés hébraïques seraient ruinées car les Iraniens possèdent déjà une force capable de les tenir en respect, mais surtout de les envahir s’ils se trouvait que les USA mettaient un terme à la protection qu’ils ont mise en place depuis 1948 dans la région.

B. Un dédain pour l’Union européenne

            Une telle opposition contre l’Iran va de pair avec un certaine vision malsaine du Président quant à l’Union européenne. En effet, les diverses crises par lesquelles est passée notre continent, notamment ces cinq dernières années, l’effondrement quasi-global du système économique, politique et social de l’Union offre un spectacle peu engageant à première vue pour le monde. A cela viennent s’ajouter les prochaines élections, en France et en Allemagne, qui promettent d’être une tragédie morale et diplomatique ; à l’instar du « America » first, de nombreux partis politiques radicaux se sont vus confortés dans leurs volontés tout aussi isolationnistes que celles de Trump. Cependant, le point de conflit ne se trouve pas dans le seul désir de protéger le marché américain, mais surtout dans l’idée que l’Union européenne est faible et fragile aux yeux de la présidence américaine. L’UE représente un marché incomparable, certes, mais dont les dissensions internes, le manque de puissance militaire, la volonté d’indépendance face au Dollars américain sont des points débiles. Le Brexit est un témoignage de cette faiblesse d’une Europe incapable de retenir ses membres les plus puissants, incapable de protéger ses frontières, de voir au-delà des préjugés historiques pour faire entrer la Turquie et la Russie dans ses frontières, sinon physiques, du moins économiques.

            C’est ici un deuxième lien de discorde entre les USA et l’UE, une deuxième valeur ajoutée à notre démarche industrielle.

C. Un Président américain pro-russe

            La grande révolution apportée par Trump est son attrait pour la Russie, sa volonté de tisser des liens solides entre l’économie russe et celle de son pays. Une volonté qui dépasse les conflits passés, qui fait faire un retour au monde moderne à l’époque tsariste, alors que les USA et la Russie n’avaient pas de grandes raisons d’être en conflit. C’est un réchauffement climatique international qui fait oublier la Guerre froide et les oppositions nées des stratégies de puissance des deux grands de ce monde sur les quarante dernières années. Un tel rapprochement est un signe pour le monde qui doit comprendre qu’alors, au lieu d’avoir les USA comme seuls à jouer le rôle de gardien de l’équilibre mondial – gardien qui sème le trouble partout où il s’égare – nous aurons un pouvoir économique indépassable allié à la plus grande force militaire du vieux continent et de l’Asie. Pour l’économie comme pour la sûreté globale, cela pourrait n’envisager rien de bon car, comprenant que la Russie, si elle se rangeait du côté américain, n’aurait plus aucun autre obstacle que les ententes à réaliser avec les Américains sur le modus operandi à l’échelle mondiale dans les domaines de la finance, du militaire et de la diplomatie. La fin d’une telle division des schémas de pouvoir permettrait aux USA d’en terminer avec la Chine, l’Europe, l’Inde et de se permettre de développer l’Afrique pour ses propres bénéfices.     

            Cependant, une telle approche est délicate car les Russes ont avec de nombreux pas des liens plus profonds et plus forts qu’ils n’en ont avec les USA, qui restent encore le premier adversaire international des volontés américaines en termes d’hégémonie. Une ardeur et une inventivité à toute épreuve, de la part du géant de l’ex-URSS, ont su tenir en alerte tous les experts militaires et sociaux américains ces dernières décennies. Aujourd’hui, la mise en place d’une telle alliance serait soumise à un repositionnement de la Russie dans ses engagements auprès de partenaires tels que la Chine, l’Inde et l’Iran pour ce qui nous intéresse. Un mouvement délicat.

II. Quid de ces phénomènes pour la France et pour notre industrie ?

            En termes de développement de notre entreprise, mais aussi en rapport avec les opportunités pour la France qu’ouvrent de tels revirements de situation, dans l’idée d’un lien nouveau à tisser avec l’Iran, les événements récents sont une réelle chance. En effet, d’un point de vue simplement diplomatique, la France a maintenant libre cour en Iran puisque les USA vont augmenter leurs sanctions contre les Perses, mais vont également lâcher la bride de l’Union européenne que la nouvelle présidence américaine déconsidère tout-à-fait. Moyennant quelques prudences, notamment vis-à-vis de la Turquie, des pays de la péninsule arabe et d’Israël – que la France depuis Charles De Gaulle ne respecte que par souci de se montrer bienveillante et responsable face à un monde qui la pointe du doigt pour le Vel-d’Hiv, mais également parce que cela arrangeait ses affaires avec les Etats-Unis – les pouvoirs français, dont nous sommes pratiquement certains qu’ils tomberont aux mains d’Emmanuel Macron (grand défenseur des entrepreneurs), auront toute liberté d’ouvrir les portes de l’Empire d’Iran et de ses marchés.

            Par ailleurs, si un rapprochement effectif venait à se conclure entre les USA et la Russie, notre groupe, qui a pour objet de recherche et de développement les nouvelles technologies – en aviation, en transports, en technologies mobiles et connectées – verrait la réduction des contrats commerciaux entre les Russes et les Perses qui se sentiraient trahis ; qui le seraient certainement pour la raison qu’une telle alliance entre les deux vieux ennemis impliquerait un reniement des alliances de l’ancienne puissance soviétique passées avec les marginalisés du monde développé. De plus, un éloignement américain des actions européennes, mais surtout de ses finances et de son économie permettrait de faire souffler un air nouveau sur les échanges entre ses membres. Si les USA nous abandonnent, l’Allemagne perdra son bâton de soutien, les Anglais leur moyen d’influence auprès des continentaux, la France reprendrait alors sa place de première force au centre de l’Europe. Or, avec une conduite digne des de relever les défis qui seront ceux de demain, les Français pourraient aider au maintien de l’Union européenne, au renforcement des coopérations entre les sociétés, tout en appuyant les démarches de ses industriels à l’étranger, notamment en Iran.

            Le scénario en préparation n’est point catastrophique, il appelle cependant à une délicatesse et à une capacité de prévision des mouvements généraux de la part des puissances autour, comme des marchés et des autres industriels du secteur qui est le nôtre. Toutefois, une mise à l’écart plus grande encore de l’Iran sur la scène internationale, une volonté d’en faire un nouveau territoire de terroristes est une chance pour nous qui, en incarnant une main tendue, un pouvoir tolérant et sans préjugés, entreront sur le marché des Perses, dans leur société sans difficulté ; nous octroyant d’emblée la quasi-totalité des opportunités de développement de notre industrie, des bénéfices que cela représente.

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It is a mistake to assume that diplomacy can always settle international disputes if there is “good faith” and “willingness to come to an agreement”

Henry A. Kissinger

Introduction

La diplomatie contemporaine, dont l’entendement traditionnel proposer d'appréhender « la manière de conduire les affaires extérieures d'un sujet de droit international à travers des moyens pacifiques et principalement par la négociation »[1], se caractérise par une conception élargie de la conduite des affaires de l’État comprenant, outre les organisations multilatérales, une multitude d’acteurs non-étatiques – aussi appelés Organisations non-gouvernementales. Compte tenu de sa complexité, cet instrument demeure une des composantes majeures de la puissance d’un pays. Par conséquent, les pratiques diplomatiques font l’objet d’un réajustement continu[2], nécessitant des approches innovantes afin de défendre efficacement les intérêts nationaux.

La lutte contre le terrorisme reste une des priorités de l’administration américaine actuelle. Comme l’a souligné le Président Obama lors du récent White House Summit on Countering Violent Extremism, des organisations terroristes comme Al Qaeda et l’« État islamique » constituent une menace « urgente »[3] à la sécurité des États-Unis ainsi qu’à celle des alliés et partenaires américains. Malgré le fait que la politique américaine de lutte contre le terrorisme est caractérisée par une certaine continuité, il est inévitable de rejoindre dans ce dossier les propos de Tina Kaidanow, coordinatrice du Bureau antiterroriste au sein du Département d’État, selon laquelle la nature de la menace terroriste est variée et continue à évoluer ce qui, par conséquent, nécessite une adaptation constante de l’approche américaine[4].

La dimension globale de la menace terroriste fait de la diplomatie une institution centrale des efforts anti-terroristes au sein des services gouvernementaux américains, en liens étroits avec les détachements diplomatiques étrangers. En effet, comme le mentionne Haris Pesto, « the fight against a terrorist network such as the one including Al Qaeda requires the cooperation of numerous countries, since the network is active around the world. Efficient anti-terrorist diplomacy consolidates all these activities into a coherent whole »[5].

Colin Powell a affirmé à ce sujet : « diplomacy constitutes this nation’s first line of defense and also one of our most potent offensive weapons in the war on terrorism »[6]. Aussi et dans le but de discerner quel est le poids que pèse la diplomatie moderne dans la stratégie antiterroriste des États-Unis, la question à poser est la suivante : « Quelles sont les caractéristiques principales américaines dans la lutte contre les menaces que représentent ces groupuscules terroristes ? ».         
 
Il faut, pour répondre, examiner les méthodes en usage dans la diplomatie étatsunienne quant à l’établissement de coalitions et de coopérations avec ses partenaires internationaux. Méthodes qui, parce qu’elles comprennent notamment et en premier lieu la diplomatie directe, la diplomatie des organisations internationales, la diplomatie dite « expéditionnaire », ainsi que la diplomatie publique, seront le cœur de cette analyse.

I. LA DIPLOMATIE DIRECTE

II. LA DIPLOMATIE DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES

III. LA DIPLOMATIE « EXPÉDITIONNAIRE »

IV. LA DIPLOMATIE PUBLIQUE

CONCLUSION

La diplomatie est encore un point essentiel de la stratégie globale des États-Unis dans la lutte contre le terrorisme international. Par ailleurs, ce dernier est une menace toujours plus actuelle voire, en certains endroits du monde, urgente. Ce danger dont la nature ne cesse d’évoluer au cours du temps, tend à se focaliser, selon les propos de la coordinatrice du Bureau antiterroriste au sein du Département d’État Tina Kaidanow, sur les objectifs locaux[62]. Ainsi, la diplomatie américaine s’engage de manière directe auprès des acteurs de cette coopération, et ce à tous les niveaux – international, national, régional et local[63]. De plus, cette entente englobe, dans un environnement qui est de plus en plus complexe, une multitude d’acteurs non-étatiques. Un des aspects essentiels des négociations menées dans le cadre de la diplomatie américaine consiste à appuyer l’effort réalisé dans le développement des capacités propres des partenaires des États-Unis en matière de lutte contre le terrorisme. L’assistance américaine et la coordination avec les pays alliés et partenaires sont assurées avant tout par les multiples rencontres bilatérales. Le Secrétaire d’État Kerry joue dans ce domaine un rôle fondamental. Cependant, les coopérations multilatérales – comme le Global Counter-terrorism Forum (GCTF) ou le récent White House Summit on Countering Violent Extremism – restent un facteur clef de la stratégie diplomatique américaine. Il en va de même des organisations internationales et régionales qui permettent aux États-Unis de limiter, dans une certaine mesure, les coûts financiers des différentes opérations extérieures, ainsi que d’acquérir une plus grande légitimité dans la lutte antiterroriste. Il est important de souligner que le combat contre le terrorisme est, pour l’administration américaine, au-dessus des autres enjeux internationaux, ce qui signifie que les États-Unis n’excluent pas de tendre une main alliée aux pays dont les caractéristiques politiques ne sont que très peu, voire aucunement compatibles avec celles des États-Unis[64]. L'objectif premier de la diplomatie américaine étant de s'assurer que les terroristes ne disposent d'aucun endroit qui puisse être caractérisé comme « safe heaven », la diplomatie « expéditionnaire » constitue en conséquence une composante indispensable de cette stratégie diplomatique globale. En effet, sa tâche consiste à procurer un accès effectif aux informations sur le terrain et de garantir une communication de tous les instants avec les partenaires internationaux. Par ailleurs, le rôle joué par la diplomatie publique en matière de lutte contre le terrorisme se révèle également déterminant pour la réussite de la stratégie diplomatique globale des États-Unis. La compréhension des objectifs par les partenaires internationaux est un élément fondamental dans l'établissement de coalitions et de coopérations internationales. L'utilité de la diplomatie publique est d'autant plus importante que son spectre d'influence s'étend, au-delà des représentants politiques, aux publics des pays touchés par le terrorisme, ainsi qu'aux militants eux-mêmes. L'efficacité de cette approche est renforcée par une utilisation accrue des cyber technologies, lesquelles sont devenues un aspect principal des efforts réalisés. In fine, la caractéristique première de la diplomatie étatsunienne est la volonté de constituer un nombre aussi large que possible d'acteurs afin de rassembler les forces contre cette menace que représente le terrorisme international.

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I. The President and his advisors

II. The bureaucratic variable

III. The governmental and societal variables

IV. The cognitive approach

V. The systemic variable

I. The President and his advisors

The real decision-making process is fundamentally based on the President´s Obama staff, i.e. a small inner circle of advisors who forged their relationships with him during his 2008 campaign. It is essentially the President Obama himself who decides, after consulting some aspects within this inner circle of advisors. It is principally the Chief of Staff McDonough one of his spin doctors and bolsterers), the most trustful to the President. Then comes S. Rice, the National Security Advisor. Those, along with the rest of the inner circle, constitute the “in-group”, the President’s loyalists enjoying the privileged access to him. The rest of the intuitional advisors constitute the “out-group”, which, even though can (depending on the person) have access to the President, don’t have such influence on him, as their views on the matter are systematically rejected, the distinction being made between the staff, willing to defend him personally and flatter his image, and the advisors, targeting the national interest. This echoes a typical characteristic of the Obama administration, suffering from Vertical Dyade Linkage (Danserau), as the leader develops different relationships with each structure. Furthermore, most characteristics of the present case tend to show that a formal structure regulates the hierarchical relationships.

In fact, the decision making process is closed essentially to the President's loyalists, with result a lack of brainstorming outside the in-group. Even if different options are on the table, they are not considered and even if the objectives fail to be reached, the strategies are not reassessed. As well, Obama doesn't have, in his inner circle of advisors, someone who could play the role of the devil's advocate.

Statue of Abraham Lincoln at Lincoln Memorial, Washington DC, District of Columbia

II. The bureaucratic variable

The decision-making process is marked by strong divisions and tensions between civilian and military spheres, which can be notably illustrated by the divergences between the Department of Defense and the White House. The main reason of such tensions is that the decision-making process is biased in the sense that the President lacks trust in other institutional advisors such as the Secretary of Defense or the Secretary of State. This results in the lack of consultations, essentially with the Pentagon. Despite the fact that the Department of Defense shares another view on the strategy necessary to fight ISIS, it is not taken into consideration, even after a significant period of time marked by unreached objectives of Obama´s policy. As a result, bureaucratic divisions, materialized in dysfunctions, were a key element hindering the construction of a clear cut strategy on the long term.

However, a positive factor is the fact that despite different views on the strategy in place, Kerry, Hagel or Dempsey publicly tried to demonstrate their support for the Obama´s strategy. Indeed, there were also some examples of good cooperation as it was the case between Kerry and Obama in the effort to constitute an international coalition against ISIS.

III. The governmental and societal variables

The public opinion has always played a key role toward Obama’s presidency. In the present case, the videos of the beheadings of American journalists have had a massive impact on the public opinion in America, as a kind of “CNN effect” has followed. This has had a significant role on the construction of the strategy which, also in its further adaptations, will always follow the polls as shows the refusal of sending troops on the ground (the percentage of people wanting airstrikes was actually the same of those against sending ground troops). This gives credit to the pluralist model.

The Congress, far from being a factor itself, Obama tends to use it for his own political games. Asking for its approval when he actually doesn’t want to intervene (knowing he won’t get it), and refusing it when he wants to act, under the claim of AUMF or the War Powers Act.

A dollar bill figuring George Washington on top of a map of Syria

IV. The cognitive approach

Right into Rystadt’s misperception theory, Obama’s attitude once again proves that the president has the dangerous tendency to distort the reality, in order to adapt it to his perceptual predisposition, biasing thereby the whole decision-making process. Indeed, he first described ISIS as a JV team (Junior Varsity team) in the medias, underestimating the threat, continuing to push his agenda in order to comfort own vision of the world through which “the tide of war is receding”. Protecting his core beliefs, he was opposed to the sending of troops on the ground for combat missions, ignoring the experts’ advices by permanent “consistency reducing techniques”, through a process of selective interpretation enabling him to stay in Lambro’s fantasy circle where his wishful thinking seems all so real.

Furthermore, with a High cognitive complexity, he also proves Herman right as the concerned case is an illustration of his difficulties to take a decision by himself urgently, never getting enough information, and it gives him the award of the Duroselle’s “Cautious” decision maker.

The idiosyncratic analysis of such situation emphasizes notably his ego, which plays an important role when a decision-maker is that much cut-off from reality and this strongly tends to indicate that polls stating a regression in his popularity might have been notable variables into the way he “handled” the crisis. We can also notice that stress-related reactions might be pointed out here. Starting with a denial, moving to aggression (the Horsesh*t moment brought to light an obvious additional strong lack of emotional intelligence), to finally get to the point of decision-making process paralysis acknowledging by itself his decision-making incapability. In that optic, one could also argue that following Herman’s theory on leader evaluation and assessment, the man appears as self-confident (using words as “I”, “me”, “as a commander in chief...”, “my priority”, trying to ) when announcing favorable and positive measures, whereas for negative announcement or when he intends to rise up the group identity, he plays the team player card (“we don’t have a strategy”, “we will not be dragged into another war”).

But such attitude needs to be understood through the eyes of Obama himself. As a nation-building defender, his rhetoric toward this crisis makes him face the Butter and Gun Dilemma as his short term interests are contradictory to the long term aspirations. Indeed, he is “the man who ends war” and he intends to stay so. Behind the argument of the public’s war weariness, lays his own disinclination to project US power. This is to be linked to his obsessional will to distinguish himself from his predecessor G.W. Bush who liked to see himself as “the decider”, making him end up taking no decision at all. And even though he made simple analogies with Yemen and Afghanistan during the decision-making process, this might as a whole, look more like an entire reversed analogy from the Bush Model, by antagonism to which, he wrote his own identity definition.

Obama´s decision-making is also often reactionary to the events in the case of ISIS. A certain lack of decisiveness has also for result a lack of clarity on the strategic objectives. The firmness in the rhetoric often does not match with the concrete actions and the established goals are unrealistic with the strategy in place. He is centralizing the decision-making within a very small group of advisors and is often involved personally. His style is also characterized by the will to control and manage all the details which can be illustrated by his micro-management approach. He is not receptive to the opinions of the others a part some of the loyalists. Finally, the President Obama has a coherent system of thought dominated by the principle of non-involvement of US ground troops for combat missions which results in a some kind of inflexibility. He can be described also as opportunistic as he is using the legal justification for military actions (based on the Congress´s approval or not) according to his own political agenda.

According to the Barber´s typology, Obama in the case of the fight against ISIS can be described as negative-active or negative-passive President. Negative because of his non-enthusiasm about his obligation to deal with ISIS which is forcing him to go against his vision of "President ending the wars". Active because of his will to manage all the details, even those of the operational nature of the conflict and passive because of his rather reactionary approach to the dangers posed by ISIS instead of taking pro-active measures to face the threat.

Capitol Hill

V. The systemic variable

The context of the crisis is threatening not only for the US, but also for its reputation and prestige as a “global power”. Also, the rise of ISIS represents an even greater threat to its allies in the region which the US has to ensure a credible support to.

However, even though this issue is written in the context of the global “war on terrorism”, one must not forget that this priority remains one among others in a complex international context in which the US is active, dealing with different important dossiers such as Ukraine or the US Pivot to Asia Policy.

At last, Obama’s will to constitute an international coalition to fight ISIS, is based on the fact that what is important to Obama is first the nation-building at home. Therefore, burden-sharing is an inevitable element of Obama’s strategy. Furthermore, we must note that having support from Arab states and privileging indigenous fighters comforts his belief that “we cannot do for Iraqis what they must do for themselves nor can we take the place of Arab partners in securing their region”.

INTRODUCTION

1. L'IDÉOLOGIE COMME BASE D'ACTIONS POUR CES DEUX PROTAGONISTES ?

2. L'UTILISATION DES RESSOURCES GÉO-ÉCONOMIQUES POUR LA CONSTRUCTION DU MONDE MULTIPOLAIRE

3. LE RÔLE DES STRUCTURES INSTITUTIONNELLES

4. LA DIPLOMATIE COMME OUTIL POUR ATTEINDRE LE MONDE MULTIPOLAIRE

CONCLUSION

INTRODUCTION

Le Brésil et le Venezuela sont deux puissances régionales sud-américaines, quoique possédant des caractéristiques différentes. Le Brésil, puissance latino-américaine dominante, peut être clairement défini comme grande puissance émergente, tandis que le Venezuela bénéficie plutôt d'un statut de puissance moyenne. Cependant, c'est principalement ce dernier qui, parmi les États d’Amérique-du-Sud, aspirait à jouer un rôle de leader local. Il se comprend alors que la volonté du Brésil, qui est d'empêcher que le Venezuela puisse contester son statut de meneur local, l'ait amené à tenter de contenir l'influence de son voisin bolivarien. Le souhait des deux nations est de se diriger vers l'établissement d'un ordre international multipolaire, caractérisé par une redistribution plus équilibrée de la puissance. Cette réalité contradictoire pose la question suivante : « Le Brésil et le Venezuela, deux Puissances contestatrices de l'Ordre mondial : quid de leurs visions pour la construction d'un Monde multipolaire ? ». Tandis que le Venezuela conteste les fondements-mêmes du système international actuel, incarné par les structures établies par les États-Unis, la posture du Brésil est, quant à elle, plus modérée : à l’opposé du Venezuela, le Brésil appelle à des réformes importantes de l'ordre global actuel, tout en gardant ses structures fondamentales actuelles. Le but de cette analyse est de répondre à la question qui nous est posée en mettant l'accent sur le concept théorique de multipolarité dans les relations internationales, étroitement lié à celui de l'équilibre des puissances. Ce dernier point, observé sous l'angle réaliste des relations internationales, est un travail de recherche qui inclura les facteurs appartenant aux perspectives libérales et identitaires.

1. L'IDÉOLOGIE COMME BASE D'ACTIONS DES DEUX PROTAGONISTES ?

En premier lieu et du point de vue du cadre théorique, la caractéristique principale de l'État, qui domine le système international, est la capacité de menacer l'existence d'un autre État. Par conséquent, les États plus faibles doivent former des alliances pour résister face aux puissances supérieures. Selon la théorie de l'équilibre des puissances, ces alliances dans un système multipolaire ne sont pas fondées sur des valeurs partagées, elles sont érigées dans le but de contrebalancer la puissance dominante.

[...]

Le thème des alliances géopolitiques, stratégiques en Amérique latine est illustré par les nombreux changements qu'apporte Chavez après son élection en 1998. En effet, ce dernier va saisir toutes les opportunités qui s'offrent au Venezuela de contrebalancer l’influence étasunienne en Amérique-du-Sud, mais également à l'échelle internationale. La détermination du nouveau président vénézuélien est motivée par les idées de la Révolution bolivarienne – de Simon Bolivar, acteur majeur quoique contrasté de l’indépendance des colonies du Nord du continent sud-américain. Cette idéologie dont les principes fondateurs sont ceux du « socialisme du XIXème siècle », anti-capitaliste et donc anti-américain, a pour programme d'échange la « pétro-diplomatie », savoir l'édification d'alliances par le biais de contrats d'exploitations du pétrole vénézuélien par des compagnies étrangères. Convaincu de l'opposition étasunienne à la « Révolution bolivarienne », Chavez met en place une politique de transformation de l'ordre établi par les gouvernances globales, tel que nous le connaissons encore de nos jours ; il s'agit du monde multipolaire. Cet objectif du président passe par la confrontation du néo-libéralisme économique et de la globalisation, moyen de parvenir, in fine, à des actions allant à l'encontre des intérêts américains.

[...]

Le Brésil, quant à lui, poursuivit une politique pragmatique, modérée, cependant déterminée à instaurer un monde multipolaire dans lequel les États-Unis sont un allié comme un autre. Ce point est crucial puisqu’il marque la rupture idéologique entre le chavisme anti-américain et la position brésilienne. En effet, Lula, Président ouvrier du Brésil de l’époque est anti-libéral, fondateur du Parti des Travailleurs, sans lien avec les communistes ou avec les socio-démocrates, dont le programme est tout entier orienté vers le combat contre la superpuissance et l’hégémonie du modèle économique dominant sur la planète. La vision de Lula da Silva est davantage fondée sur les coopérations entre les pays opposés à la domination de l’ordre établi, que sur une lutte doctrinale et idéologique telle que celle proposée par Chavez. Le propos de Lula sera de tisser des liens diplomatiques et commerciaux normaux avec Washington. Cette volonté d’apaisement va perdurer sera maintenue par l’administration Rousseff.

2. L'UTILISATION DES RESSOURCES GÉO-ÉCONOMIQUES POUR LA CONSTRUCTION DU MONDE MULTIPOLAIRE

3. LE RÔLE DES STRUCTURES INSTITUTIONNELLES

4. LA DIPLOMATIE COMME OUTIL POUR ATTEINDRE LE MONDE MULTIPOLAIRE

CONCLUSION

Le manque de moyens nécessaires à la transformation du système international en vue de mettre fin à la domination des États-Unis, amène le Venezuela et le Brésil  à pratiquer contre ces derniers la politique de « soft balancing ». Cette forme plus « douce » du traditionnel « power balancing » cherche à augmenter les coûts pour la superpuissance à travers une série d'actions diplomatiques. Pour le Venezuela, comme présenté au cours de cette analyse, cela se traduisit par une opposition systématique à toute forme de coopération (dans le domaine des narcotiques, par exemple), par la création d’alliances avec des pays idéologiquement proches (Biélorussie, Cuba, Iran),  par la mise en place d’obstacles dans les forums internationaux (organisation parallèle de sommets anti-américains), par la formulation de contre-propositions (la mise en place de l'ALBA) et par le jeu des tensions diplomatiques (négociations avec la Russie sur le déploiement de missiles sur le territoire du Venezuela par exemple). Toutes les actions du Venezuela étaient guidées par l’idéologie révolutionnaire bolivarienne. En ce qui concerne le Brésil, sa vision de la construction du monde multipolaire était effectivement différente. Il ne fondait pas le principe politique international de « soft balancing » sur un système idéologique. En poursuivant ses intérêts par pragmatisme, le Brésil savait qu'il ne pouvait exclure de ses stratégies son puissant voisin nord-américain. Par conséquent, il utilisa divers outils économiques, institutionnels et diplomatiques dans le but de réformer les règles de l'ordre établi. Ainsi, le Brésil ne contesta aucunement les fondements de ce système international, tels que le libre marché ou la démocratie, sur lesquels il a notamment développé sa puissance. Son approche consiste en un développement de partenariats multilatéraux avec tous les acteurs composant la scène internationale. Reste à savoir, si les visions d'un nouvel ordre mondial selon le Président Lula et le Président Chávez trouveront une continuité dans les politiques de Dilma Rousseff et celles de Nicolás Maduro.

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